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Vie and Co
10 novembre 2012

LA RUBRIQUE PRATIQUE : Comment...sauver notre cerveau/âme/honneur

 

Dieu sait, bien qu'il s'en foute éperdument, mais il y a des inconvénients à être omniscient, que je détestais Rousseau au lycée. Jean-Jacques, de son prénom, redouté, voire haï par une infinité d'élèves-somme toute sa paranoïa n'était pas injustifiée, post-mortem du moins...

En mûrissant - d'aucuns, salauds comme pas deux (et qui ne se sont à l'évidence pas regardés dans le miroir) diront : en vieillissant - j'ai compris cependant qu'il y avait des choses à retenir de ses écrits, et que le fait qu'il ait abandonné ses enfants à l'Assistance Publique n'empêchait pas, bien que cela nous paraisse fort paradoxal aujourd'hui, qu'il pût écrire de très subtiles choses sur l'éducation, que la majorité des parents trop aimants feraient bien de lire aussi entre deux caprices de leur progéniture tout-puissante.

Sur ce conseil avisé, je vous avoue cependant que je n'ouvrais pas cette page pour vous parler de l'éducation de vos enfants braillards (les apparences sont trompeuses, hein ? J'voudrais bien mais j'peux point, n'ayant pas encore enfanté : on me jetterait des couches sales au visage) mais pour envisager avec vous le retour de Rousseau sur Terre.

Vous me direz, doux amis lecteurs : quel rapport avec le salut de notre âme ? Et ça montre que vous êtes moins couillons que vous n'en avez l'air (en toute amitié, car sans franchise où va-t-on ?)

Suivez-moi, et soyons rationnels, car je sais que vous aimez ça.

Imaginons donc qu'un de ces gars, communément appelés chercheurs, payés des millions dans des laboratoires (mis à part ma copine Anne, qui m'a dit qu'elle était au SMIC ; j'admettrais donc quelques exceptions), sans pour autant trouver le virus de la connerie, qui frappe pourtant si souvent et se répand si vite, admettons donc qu'il ait ENFIN découvert, à ses heures perdues, la formule pour faire fonctionner une machine à remonter le temps. Suite à un problème technique (je vous passe les détails), vlà-t-y pas que ce couillon de chercheur, qui faisait des essais au Panthéon, nous ramène à notre époque les Grands enterrés là-bas. Plausible ! Logique ! Probablement à venir d'ailleurs.

Et voilà Hugo, Zola, Jaurès, Marie Curie (la seule femme au milieu de tant d'hommes... Elle a pas dû se marrer tous les jours), et voilà Rousseau de retour, pour ne parler que d'eux.

Je passe sur la prime surprise qu'ils éprouveront sans doute, place du Panthéon, à la vue de tant de voitures - et de pigeons, qui ont bien prospéré depuis le 18ème. La télévision, la cafetière senseo, les chiottes qui vous nettoient les fesses après le popo, la disparition des maisons closes, j'en passe.

Mais que va-t-il dire, Rousseau, lorsqu'assis devant un ordinateur, sirotant une vodka tagda en écoutant NTM sur iPod, il va découvrir Facebook ?!

Rousseau ! Le précurseur du romantisme ! Le roi de l'introspection ! L'homme qui faisait de longues balades dans la nature autour de Paris ! (ça, Jean-Jacques, c'est plus possible). Et qui en revenait avec des idées ! (ça non plus, Jean-Jacques, c'est plus possible). Le premier « je », le « moi » !!

La question de tout bon lecteur brûlant d'une curiosité bien naturelle sera alors : que va-t-il faire de ses Rêveries ? Mettons qu'il soit allé se promener solitaire en Bretagne du coup (avec le TGV c'est vite fait). Va-t-il, en proie à la frénésie exhibitionniste qui nous étreint tous, vivants d'une seule vie, mortels en puissance, les rédiger heure par heure, en direct de son iPhone, assis sur un dolmen dont il joindra les photos, et puis une fois de retour chez lui consulter sa page 108 fois par jour, et changer son statut pour y annoncer qu'il a mangé une pomme, que Diderot lui a envoyé un SMS d'insultes ou qu'il vient d'abandonner son 5ème enfant à ce que l'on nomme aujourd'hui l'Aide Sociale à l'Enfance ? Ou va-t-il aller vomir dans ladite campagne toutes ces histoires vaines qui sont les nôtres et que nous étalons avec une certaine perversité sur la toile ?

Alors même que j'écris ces lignes, je me dis subitement : peut-être. Peut-être qu'il étalerait tout sur Facebook, puisqu'il a voulu tout dire dans ses Confessions (juste pour me contredire, le salaud). Mais alors, à l'inverse (aucun lien, fils unique), que chacun d'entre nous, Fessebouqueurs, prouvions que nous sommes aussi capables d'autre chose que de Facebook. Ecrivons, mais pas que de la merde. Lisons, mais pas que de la merde. Sauvons nos cerveaux, sauvons nos âmes et sauvons notre honneur. C'est ça, amis de Facebook, retournons éduquer nos enfants plutôt que de les mettre à portée de bave de tous les voyeurs, et reprenons dans la bibliothèque (celle de grand-mère) un Rousseau pour la table de nuit.

CQFD.

 

PS : vous vous dites pour certains, amis lecteurs, que je me la pète : j'ai vexé de petites âmes sensibles. Mais loin de moi l'idée d'une quelconque supériorité mienne. Je n'ai lu de Rousseau que ses Confessions, ses Rêveries et un peu de l'Emile, un programme scolaire, quoi. Mais je vais m'y mettre, et vous aussi. Le premier qui a fini a gagné le droit de raconter la dernière dent de son fils sur Facebook.

Après on passe à Kant.

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