Le jugement en vers.

Lu dans le Nouvel Obs

« Le représentant du ministère public a estimé que rien dans le dossier ne prouvait que Charles Pasqua s'était rendu coupable de corruption ou de trafic d'influence, ce qu'il a d'ailleurs toujours nié fermement (bin tiens, NDLR).

En revanche, le procureur a requis 6 mois de prison ferme […] à l'encontre de son ancien conseiller diplomatique, Bernard Guillet (pas de chance, NDLR).

Les prévenus, poursuivis pour corruption, recel d'abus de biens sociaux ou trafic d'influence, sont soupçonnés d'avoir contribué à violer les dispositions d'un allègement d'embargo en vigueur de 1996 à 2003 en Irak. Le programme "pétrole contre nourriture" permettait au régime irakien de vendre du pétrole en échange de biens de consommation nécessaires à la population. Mais Bagdad avait contourné ce programme en distribuant des millions de barils à des personnalités "amies" ou en encaissant des ristournes illégales sur les ventes de brut ».

Encore un scandale de politiciens pourris.

Encore un non-scandale, en fait. On s'habitue à tout.

Quoi ? Vous êtes choqués, vous ? Bah non. Enervés, peut-être un petit peu, mais choqués, non. Me trompé-je ?

Moi je me suis dit que c'était quand même flippant de ne plus être choqués par des détournements de fonds, du recel d'abus de biens sociaux, ou par la corruption. Tout ça au détriment de qui ? Mais comme d'habitude, mon ami, à ton détriment et au mien ! Au détriment de ces pauvres cons d'électeurs baisés (c'est nous !) – ici, rassurez-vous, simplement au détriment de la population irakienne, et sur la base d'un programme onusien.

Alors pour réveiller les foules, je me suis imaginé la scène en mode alexandrins (je n'ai plus rien à craindre de Molière, ça m'étonnerait qu'il ait encore le courage de se retourner dans sa tombe).

Inefficace pour ce qui est de mieux sanctionner les coupables, mais poétique. C'est toujours ça de pris.

LE JUGEMENT EN VERS (et contre eux tous)   - j'ai hésité avec en véreux contre tous, mais faut pas pousser la blagounette trop loin, ou je vais vous lasser.

Le juge, s'adressant à l'accusé :

Vous aurez bien, je pense, un avis sur la chose :

Sans être toute noire, elle n'est pas très rose ;

Et l'ami citoyen qui a voté pour vous

Pourrait être saisi d'un bien juste courroux !

Où est passé l'argent à vos doux soins confié ?

Où sont passés le fric, les tunes, la monnaie ?

Est-ce pour fabriquer d'un manoir l'extension,

Ou bien pour financer du yacht le beau ponton,

Que des millions d'euros dans une poche fuirent ?

- Poche qui fut la vôtre, ou celle de vos sbires !

Répondez, je vous prie, à toutes mes questions,

Vous en qui ne paraît aucune émotion.

La suite une autre fois, car je ne trouve pas les mots pour la défense de Pasqua... Enfin, comme il est aussi innocent qu'un (gros) agneau qui vient de naître...

PS : désolée pour le gros agneau, mais quand je suis fâchée, je suis un peu vile...