RUBRIQUE PRATIQUE : Comment... réussir une reconversion professionnelle ?

Enfant, j'adorais les bébés. Je restais des heures l'été sur la plage à côté de mères avec leurs nourrissons, dans l'espoir immense de pouvoir approcher ces petites bestioles, voire les porter une minute ou deux ( heureuses années 90 : aujourd'hui, on m'emmènerait voir un psy.)

Ma vocation s'est donc naturellement imposée à moi au collège, l'âge de toutes les maturités : j'ai voulu être sage-femme. J'ai exercé « le plus beau métier du monde », à défaut de « plus vieux », puisqu'à ce niveau les sages-meufs subissent la sévère concurrence des filles de joie (de la poule ou de l'œuf, hein, on va pas remettre ça non plus).

Et puis, au bout de quelques années de gardes, j'ai eu envie d'autre chose. J'ai fait mes lettres (modernes, bien sûr), et ensuite, pour ne pas mourir idiote, je me suis lancée à la fois dans le droit et l'histoire de l'art, parce que ça avait l'air intéressant et que ça pouvait m'occuper un peu.

Et pendant tout ce temps (ça m'a quand même pris quelques années, malgré mes immenses facilités, si bien qu'à la fac on finissait par me prendre pour la prof - bac + 11 quand même, excusez du peu, on comprend la confusion) je me suis interrogée, auto-analysée, torturée sur mon avenir professionnel.

La psy (que j'ai fini par voir, comme quoi tout arrive) m'a dit que c'était sans doute une angoisse d'enfant qui ne veut pas grandir, et que « les valeurs abstraites de mon subconscient irrationnellement mêlées, proches de la théorie de Marx sur la lutte des classes, créaient un espace….. ». C'est pas faux. Mais le problème en fait, ce n'était pas de savoir que faire, mais plutôt que ne pas faire.

J'ai voulu successivement être artiste-peintre (pour la classe), commissaire-priseur (pour toucher des tableaux très célèbres), agent immobilier (pour toucher des sous), ébéniste (pour toucher du bois), prof (mais je ne sais vraiment plus pourquoi). J'ai même essayé poète, mais la couronne de lauriers ne sied pas à mon teint. Dès que je croisais quelqu'un, je lui demandais quel métier il exerçait pour m'y projeter avec vigueur, ce qui m'a permis de rêver à : chauffeur-routier (qui fait pipi dans une bouteille), juriste (c'est écrit trop petit), traductrice des langues barbares (dangereux), assistante maternelle (assistant aux braillements), avocate (débordée-déprimée), prof de claquettes (je serais meilleure en claques), ingénieur qui trie les maquereaux (je serais meilleure maquerelle), escort girl (trop m'as-tu-vue), j'en passe, forcément. A part sénateur (je me laisse un peu de temps), j'ai dû renoncer à tout.

Alors je me suis dit : Claire, ma fille (car j'aime me parler comme une vieille fille à mes – innombrables – heures perdues à jamais), tu ne sais qu'écrire et tu aimes les gens (en toute modestie). Pourquoi ne pas devenir journaliste ?

A cette quarante-huitième révélation professionnelle, j'ai craqué nerveusement. A un moment, faut bien vivre, me suis-je dit. Il n'y a pas de déchéance qui tienne. Entre parmi les bannis, et vois ce que l'avenir te réserve.

C'est sur cette sublime citation de moi-même, que je verrais bien prochainement imprimée dans la Pléiade sans que cela ne me surprenne outre mesure, que je me suis rendu compte que c'était un rêve inaccessible. Pour me réconforter, j'ai donc décidé de tenir...(suspense)... un blog !

Alors pour ma reconversion professionnelle, c'est pas gagné. Mais je souhaite quand même une bonne reconversion à tous ces amis lecteurs qui se retrouveront d'une manière ou d'une autre dans ce portrait, en espérant ne pas avoir prêché que des (re)convertis.